Gazenergie

Les besoins en électricité vont s’accroître massivement

Zurich, 15.07.2019

Afin de réduire les émissions de CO2, la Suisse poursuit sa stratégie d’électrification du système énergétique, en promouvant notamment les pompes à chaleur pour le chauffage et les véhicules électriques pour la mobilité. Une nouvelle étude de l’EMPA montre les implications pour la consommation d’électricité au fil de l’année et sur une base horaire.

Les chercheurs de l’EMPA fondent leur étude sur l’hypothèse selon laquelle 75 % des immeubles seront chauffés par des pompes à chaleur et 20 % du kilométrage total sera couvert par des véhicules électriques en 2050. La sortie du nucléaire et le développement du photovoltaïque ont été pris en compte. L’électrification croissante de la production de chaleur et de la mobilité débouche au total sur une augmentation des besoins en électricité de presque 25 %, soit 13,7 TWh par année. Le gros des besoins concerne les mois d’hiver. L’étude chiffre le trou à boucher à 22 TWh en hiver, contre environ 4 TWh ces dernières années. À titre de comparaison, les centrales nucléaires de Suisse ont produit près de 25 TWh en 2018.

Une autre difficulté réside dans le fait que l’avancée de l’électrification entraîne de gros pics de consommation de courant, et le fait que le courant photovoltaïque est produit de manière irrégulière complique encore la donne. «Sans possibilités de stockage supplémentaires, nous devrons importer de grandes quantités d’électricité en hiver, alors qu’il y a un gros surplus de courant photovoltaïque autour de midi en été», écrivent les chercheurs de l’EMPA. Ils relèvent par ailleurs que l’intensité de CO2 des importations hivernales de courant va aussi s’accroître. Dans ce contexte, il se pourrait même que le mouvement d’électrification entraîne une montée des valeurs de CO2. Pour faire baisser efficacement les émissions de CO2, les chercheurs de l’EMPA plaident pour une approche considérant les systèmes énergétiques dans leur ensemble, en misant sur « des mesures de réduction pour tous les agents énergétiques (fossiles inclus) et technologies».

Les résultats de cette étude montrent clairement que l’électrification des domaines du chauffage et de la mobilité ne contribue pas forcément à rendre l’approvisionnement énergétique plus renouvelable et respectueux du climat. Il faut de fait aussi d’autres agents énergétiques, comme le gaz naturel et les gaz renouvelables, qui peuvent apporter une contribution importante à la refonte du système énergétique. Les installations CCF, par exemple, qui produisent non seulement de la chaleur, mais encore un courant précieux pendant les mois d’hiver, contribuent à la sécurité d’approvisionnement et réduisent les émissions de CO2. Comme le précisent encore les chercheurs de l’EMPA, le power-to-gas propose aujourd’hui déjà une technologie d’avenir pour transformer en gaz le courant non utilisé du semestre d’été – en particulier celui issu du photovoltaïque – et le stocker en vue d’une utilisation durant les mois d’hiver.

Le mouvement d’électrification accroît la demande de courant, en particulier en hiver. Durant l’été, en revanche, un excédent de courant photovoltaïque se dessine. Selon l’EMPA, le power-to-gas offre aujourd’hui déjà une technologie prometteuse pour transformer en gaz le courant excédentaire produit durant le semestre d’été afin de le stocker pour l’utiliser en hiver.

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